Cette œuvre est issu d’un travail de design artistique portant essentiellement sur le sens plus que sur le fonctionnalisme. L’objet n’en est pas moins fonctionnel.
J’ai donc opposé une multiprise issue de grande distribution de marque Legrand et une souche de pin landais fraîchement coupé donc encore « vivant ».
J’ai voulu créer un trompe l’oeil en m’inspirant entre autre de Brandt sur Hoffner de Bertrand Lavier (1984). Les deux objets viennent naturellement s’emboîter ce qui renforce le versus par son incohérence.
Le matériau brut qu’est le pin des landes se transforme en objet fonctionnel et perd sa nature sauvage, naturelle et organique. L’ arbre est assimilé à un objet sans vie, froid et identique à des centaines de milliers d’autres.
J’ai modifié la rallonge de la multiprise pour une plus ostentatoire afin d’assumer les matériaux et leurs sémantiques, la prise orange de chantier implique une valeur d’estime inexistante et une utilisation entièrement fonctionnelle.
La composition aussi trouve ses contraste entre l’aspect sculptural et brut de la souche et la rigueur et la symétrie de la prise blanche immaculée. De plus, les motifs irréguliers du bois sont rompus par la linéarité et la répétition de la prise.
La double prise USB est un parti pris destiné à questionner l’idée de technologie récente face à un arbre/matériau utilisé depuis des centaines d’années pour le gemmage (récolte de la sève : production d’essence de térébenthine) toute en gardant l’intitulé de multiprise. C’est un détail qui vient étayer la problématique du projet.
La relation entre les deux « objets » vient de l’analogie de l’énergie d’un côté électrique (prises) et de l’autre organique (la sève encore dans la souche).
La forme aussi avec ses multiples « pattes » s’enfonçant dans le sol comme plusieurs prises nourrissant l’arbre.
La pièce de mobilier est une confrontation entre l’homme et son environnement par un versus de la nature face à la production industrielle, le naturel contre l’artificiel.